PREVENTION DE LA PLAGIOCEPHALIE

La plagiocéphalie (du grec plagios = oblique et kephalê = tête) est un signe clinique se traduisant par un aplatissement unilatéral de la voûte crânienne.
Elle entre dans le cadre des Déformations Crâniennes Positionnelles, et doit être prévenue dès la période anténatale.

Coucher son bébé sur le dos est recommandé depuis 1994, afin d’éviter la survenue d’une mort subite ; le résultat en est démontré par toutes les études épidémiologiques. Une polémique est apparue récemment sur ce mode de couchage, l’impliquant dans la survenue de plagiocéphalies qui pourraient avoir un retentissement sur le développement de l’enfant. C’est faux !

LES DIFFERENTS TYPES DE DEFORMATIONS CRANIENNES POSITIONNELLES :

Une image contenant texte, miroir Description générée automatiquement Trois grands types sont décrits lorsqu’on regarde le contour du crâne par-dessus : les plagiocéphalies fronto-occipitales et les plagiocéphalies occipitales qui sont des déformations asymétriques, et les brachycéphalies postérieures qui sont des raccourcissements antéro-postérieurs du crâne.

LES FACTEURS DE RISQUE DES DEFORMATIONS CRANIENNES POSITIONNELLES :

Le principal facteur de risque des déformations crâniennes positionnelles est la limitation de la motricité libre et spontanée du nourrisson. Elle doit être recherchée dès la naissance.

  • Facteurs périnataux :
    • Situation obstétricale à risque : oligoamnios, primiparité, grossesse gémellaire, présentation en siège, extraction par voie instrumentale
    • Alitement prolongé de la mère durant la grossesse
  • Facteurs liés à la mobilité spontanée du nourrisson :
    • Prématurité, syndromes malformatifs, troubles du neurodéveloppement, déficits sensoriels, ou torticolis musculaire (attitude permanente avec limitation à la mobilisation passive controlatérale).
    • Déséquilibre d’organisation motrice : postures asymétriques, torticolis postural (attitude préférentielle, sans limitation), troubles du tonus axial (hypotonie ou hypertonie).
  • Facteurs environnementaux :
    • Déficit d’interactions entre le nourrisson et les adultes qui s’en occupent (parents et entourage)
    • Éveil sensoriel inadapté à l’enfant (par exemple : fixation permanente visuelle par un mobile ou sonore, etc.)
    • Contention physique avec contraintes externes +++ : siège-coque, cale-tête, cale-bébé, coussin anti-tête plate, cocon, coussin de positionnement, matelas à mémoire de forme, réducteur de lit, transat, balancelle, hamac, etc.

PREVENTION PRIMAIRE DES DEFORMATIONS CRANIENNES POSITIONNELLES 

La prévention repose sur le principe de respect de la motricité libre et spontanée du nourrisson, et cela tout en respectant les recommandations de prévention de la Mort Inattendue du Nourrisson. Aucune intervention de soins préventive n’est nécessaire.

  • Aménagement d’un environnement sans risque pour le nourrisson et favorisant le respect de son activité motrice spontanée pendant le sommeil et l’éveil.
  • Eviter tous les dispositifs de contention : siège-coque, cale-tête, cale-bébé, coussin anti-tête plate, cocon, coussin de positionnement, matelas à mémoire de forme, réducteur de lit, transat, balancelle, hamac, etc.

Favorisent la survenue d’une déformation crânienne positionnelle en limitant la motricité spontanée des nourrissons

Augmentent le risque de Mort Inattendu du Nourrisson par enfouissement

  • L’allaitement maternel doit être encouragé : il est un facteur protecteur contre la mort Inattendu du Nourrisson et la Déformation crânienne positionnelle.
  • Respecter en toute situation la position neutre de la tête en évitant toute posture en hyperextension ou hyperflexion du cou.
  • Orientation des enfants présentant un torticolis postural ou musculaire vers un kinésithérapeute à orientation pédiatrique.
  • Favoriser les temps d’interactions de qualité entre les adultes et le nourrisson.
  • Varier les postures et encourager les rotations spontanées de la tête du nourrisson par des sollicitations sensorielles (tactiles, visuelles, auditives) à adapter en fonction de l’âge.
    • A chaque soin ou occasion favoriser une rotation active de la tête par un câlin sur la joue, le regard et la parole
    • Inciter l’enfant à tourner la tête d’un côté : accrocher sur le côté du lit un tissu de couleur vive ou contrasté noir/blanc- bleu foncé / blanc type carreau vichy
  • Les postures ventrale et latérale peuvent être explorées lors d’échanges privilégiés avec l’adulte. Sous surveillance stricte du fait du risque d’enfouissement.
  • Le développement optimal du nourrisson nécessite qu’il soit positionné sur le dos sans oreiller ni couette ni couverture, dans un environnement facilitant une activité motrice spontanée (tapis ferme au sol avec des jouets positionnés autour de lui, en évitant les arches de jeu et les «mobiles » qui fixent son attention).
  • Favoriser le portage du nourrisson dans les bras ou en écharpe, en respectant le dégagement permanent des voies aériennes, l’enroulement du bassin et la variation de posture.
  • Favoriser l’enroulement des ceintures (bassin, épaules), dans la gestuelle du quotidien.
  • Couchage adapté : sur le dos, à plat, dans un lit adapté.
  • Alterner régulièrement la position du bébé vers la tête ou le pied du lit, afin d’encourager la rotation spontanée de sa tête d’un côté à l’autre

PRISE EN CHARGE DES DEFORMATIONS CRANIENNES POSITIONNELLES CONSTITUEES

Les recommandations positionnelles et de kinésithérapie sont les interventions de choix chez la plupart des nourrissons présentant une plagiocéphalie associée à un défaut de mobilité cervicale.

Elles doivent être mises en œuvre le plus précocement possible.

En général, la mobilité cervicale s’améliore plus rapidement que la DCP, si les mesures appropriées sont mises en place précocement.

  • Recommandations positionnelles
    • Eviter l’appui de la partie aplatie de la tête tout en favorisant la mobilité du nourrisson.
    • Le repositionnement doit toujours respecter les mesures de prévention de la MIN
    • Accompagnement du nourrisson par l’adulte (y compris au sol) dans des postures et des explorations sensorielles actives du côté opposé à l’aplatissement, au cours des interactions, par des mobilisations douces et indolores.
  • Kinésithérapie
    • Systématique en cas de défaut de mobilité cervicale
    • Plus elle est précoce, plus les chances de normalisation sont importantes.
  • Ostéopathie
    • Une approche ostéopathique à orientation pédiatrique peut être associée à la kinésithérapie en deuxième intention dans le cadre d’une prise en charge pluriprofessionnelle.
  • Orientation vers une équipe spécialisée et place de l’orthèse crânienne
    • En cas d’absence d’amélioration de la déformation crânienne après une prise en charge adaptée, une orientation précoce (fin du premier semestre) par le médecin qui suit l’enfant vers un centre de compétences ou de référence des malformations cranio-faciales est recommandée. Ces centres spécialisés pour la prise en charge des anomalies cranio-faciales intègrent un neurochirurgien, un chirurgien maxillo-facial ou un chirurgien plastique pédiatriques.
    • L’indication d’une orthèse crânienne est exceptionnelle

Sources : Haute Autorité de Santé

Prévention de Déformations Crâniennes Positionnelles, A. Cavalier, E. Mazurier, AFPA Mai 2019

LES REGLES D’OR DE LA PREVENTION DE LA PLAGIOCEPHALIE

EVEILREPASSOMMEIL

●Je dispose bébé :

– sur le dos

– à plat (sans cale-tête ni cale-bébé)

– avec des vêtements peu serrés

– sur un plan dur (matelas ferme, tapis d’éveil, natte…)

Et, à partir du 2e -3e mois :

– dans un espace délimité, propre et protégé (parc, tapis d’éveil…)

– les jouets sont posés au sol autour de lui (sans portique)

●Je réserve le siège coque et la poussette au transport.

●Je réserve le transat à la position assise lorsqu’elle est acquise de manière autonome

● J’interagis avec bébé :

– dans un plaisir partagé

– en étant accueillant avec les gestes, le son et le comportement.

Il découvre ainsi son environnement (jouets, meubles, lumières, parents…) et son propre corps (doigts, visage, …), en pleine liberté de ses mouvements.

●Je prends bébé dans les bras.

●Si j’utilise un biberon, je peux le lui proposer tantôt par la droite tantôt par la gauche.

● J’interagis avec bébé :

– dans un plaisir partagé

– en étant accueillant avec mes gestes, ma voix, mon comportement.

Je couche bébé :

-sur le dos, bien à plat (sans oreiller, ni cale- tête, ni cale-bébé)

-dans une turbulette ou une gigoteuse (sans couverture ni couette)

-sur un matelas ferme

-dans un espace délimité, propre et protégé : le lit (sans les jouets).

Il dort ainsi sans entrave ni contrainte, en pleine liberté de ses mouvements.

Si bébé tourne la tête toujours du même côté ou si son crâne présente un début d’aplatissement qui semble d’allure fonctionnelle (pas de limitation musculaire, articulaire, de synostose…) :

  • pendant l’éveil, j’attire son attention de l’autre côté :
    •  à chaque soin, par la parole et le regard en attirant son attention de l’autre côté à plusieurs reprises
    • en orientant le lit ou le parc de façon à ce que la source lumineuse (fenêtre, éclairage…) et les parents soient de l’autre côté
    • en accrochant dans le lit et dans le parc un objet ou un tissu de couleur vive
  •  je favorise l’endormissement avec sa tête du côté opposé
  •  pendant son sommeil, je positionne sa tête du côté opposé